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La campagne européenne de Michel Barnier

Succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne ? Quand on posait la question à Michel Barnier, début 2019, le Français feignait encore la surprise. Cette ambition tient pourtant désormais du secret de Polichinelle à Bruxelles.
Certes, le négociateur en chef du Brexit pour les Vingt-Sept ne s’est pas déclaré publiquement. Mais à 68 ans, l’homme, toujours tiré à quatre épingles, silhouette haute et chevelure argent, est en quasi-campagne. Encore discrète, fin 2018, sa tentative de mise en orbite pour le plus éminent poste de pouvoir de l’Union européenne (UE) est désormais évidente.
Les négociations entre Bruxelles et Londres sont achevées depuis novembre 2018, mais le Savoyard continue à occuper le devant de la scène. Il a débuté en février un troisième tour des capitales européennes : Rome, Vienne, Bucarest, Varsovie, Stockholm, Dublin – où il s’est rendu au moins quatre fois depuis sa prise de fonction…
Il se déplace encore systématiquement à Strasbourg pour les plénières du Parlement européen, informe « quasiment toutes les semaines » selon un témoin, le « groupe de pilotage » de l’hémicycle sur le Brexit, bien qu’il n’y ait plus grand-chose à en dire – la balle étant désormais dans le camp des députés britanniques, qui refusent toujours de ratifier le traité du divorce.
En politique aguerri – il fut le plus jeune député de l’Hémicycle en 1978, à 27 ans, sous l’étiquette RPR –, M. Barnier cible aussi ses rendez-vous nationaux. Le Salon de l’agriculture en mars, le congrès de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles à Nancy, trois semaines plus tard… Et soigne les nombreux dossiers qu’il maîtrise déjà. La politique agricole commune, donc (il fut ministre de l’agriculture, entre 2007 et 2009), la politique régionale (il fut commissaire aux fonds régionaux, au tout début des années 2000), la défense, le Brexit évidemment.
Diffusé fin avril sur Arte, un documentaire du réalisateur belge Alain de Halleux (Brexit, The Clock Is Ticking) suit au plus près le Français durant ses dix-sept mois de discussion avec les équipes de Mme May, et le montre à son avantage, entièrement consacré à sa tâche, négociant au plus près des intérêts des Vingt-Sept. « Michel Barnier fait la meilleure campagne du monde, avec son nouveau tour d’Europe. C’est un peu ridicule, on a répété durant des semaines que les négociations étaient bouclées ! Mais il continue… et tout le monde l’adore », glisse une source européenne de haut niveau.
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